Préface (extrait)

 Par Benjamin Stora





Début de la préface:

     Aucune étude approfondie n’avait jusqu’à présent été entreprise sur le
sort des Européens et des Juifs restés en Algérie après 1962. Le livre de
Pierre Daum constitue dès lors une grande première. De façon érudite et
passionnante, l’auteur remet en cause plusieurs idées reçues à propos du
départ des Européens d’Algérie. D’abord, bien sûr, celle de “l’arrachement”
en quelques semaines de l’ensemble des membres de cette communauté.
La thèse répandue depuis un demi- siècle est connue : un million de personnes
seraient parties brusquement, entre avril et juillet 1962, fuyant
les exactions du FLN. Chiffres à l’appui, tirés de sources nombreuses et
pertinentes, Pierre Daum nous livre une autre version, peu connue et
dérangeante, mais bien plus conforme à la réalité : deux cent mille Pieds-noirs
sont restés après l’été 1962, finissant leurs jours dans leur pays, ou
partant ensuite progressivement au cours des décennies suivantes. De
tous âges, de toutes conditions, et de toutes régions. Ce chiffre est énorme,
et bien peu de chercheurs de l’histoire contemporaine algérienne (et je
suis de ceux- là !) ne l’ont jusqu’à présent véritablement pas souligné.
Pourtant, que de leçons à retenir d’une telle présence, si massive (...).

Biographie de Benjamin Stora:
Historien né à Constantine (Algérie) en 1950, Benjamin Stora est considéré, en France comme en Algérie, comme un des meilleurs connaisseurs de l'histoire de la guerre d'Algérie, de ses origines et de ses conséquences. Sa thèse de doctorat, soutenue à Paris en 1978, portait sur Messali Hadj et le mouvement national algérien. Auteur d'une trentaine d'ouvrages, Benjamin Stora est aussi l'auteur de plusieurs films documentaires : Les années algériennes (France 2, 1991) ; Algérie, années de cendres, (France 3, 1995) ; L'indépendance aux deux visages (France 5, 2002); François Mitterrand et la guerre d'Algérie (France 2, 2010) ; La Loi de mon pays (France 3, 2011). Pour plus d'informations: Le site personnel de Benjamin Stora.